Dieu a créé l'homme et la femme pour qu'ils soient cote à cote dans leur diversité.
Amour des hommes, amour de Dieu
Dieu préside la rencontre des hommes et des femmes; il préside la première agence matrimoniale !
L'homme prend la parole pour la première fois quand il admire la femme.
Auparavant il était isolé, enfermé sur lui.
L'amour libère du mutisme et de l'égocentrisme.
Dieu
en est fort satisfait, car, pour la première fois, il avait constaté
qu'il n'était « pas bon pour l'homme d'être seul ».
Il avait donc décidé
de lui bâtir un autre côté de lui-même, un vis-à-vis, à la fois
semblable et différent, égal et capable d'être en face, libre, ni
servile, ni éternel contradicteur
Entre
ces deux humains, l'émerveillement va créer relation et communion,
humanisation réciproque, prises de conscience et complémentarité, amour
durable bien différent de l'amour filial :
« C'est pourquoi l'homme
quitte père et mère pour s'unir à sa femme en devenant une seule chair
avec elle »,
Un seul ensemble humain fait d'une « dualitude » (polarité à deux éléments non contradictoires.) Chacun y
trouve son épanouissement.
L'auteur
prouve son étonnante connaissance de la psychologie masculine et
féminine, du désir de relation qui humanise l'un par l'autre, de l'amour
unissant eros et agapè comme élément fondateur de l'humanité, ce que le
pape Benoît XVI a rappelé dans sa première encyclique
Le
premier chapitre de la Genèse avait déjà clairement dévoilé les
intentions du Créateur : structurer l'humain « à son image », en le
différenciant au masculin et au féminin. L'auteur écrit crûment : « Mâle
et femelle il les créa. » (Gn 1, 27.)
Deux unis en un par l'amour :
voici l'icône de Dieu ; et non pas le masculin tout seul ou le féminin
tout seul.
Cette structuration de l'humain laissait déjà entrevoir le «
fonctionnement » amoureux de l'humanité dont le chapitre 2 de la Genèse
vient de nous parler.
Toutes
ces lignes - du grand art ! - nous permettent de mesurer la valeur
inestimable de l'amour selon Dieu et l'importance de ce qui peut le
favoriser aujourd'hui.
Car les humains n'ont jamais cessé de malmener
l'amour, le transformant en domination de l'un sur l'autre, ou en
succession de relations passagères, ou en exaltation exclusive de la
jouissance érotique.
L'amour voulu par Dieu unit ressemblances et
différences, comporte les heures d'extase amoureuse et les heures de
dialogue, le courage du pardon après les tensions où l'offense l'a
emporté, l'émerveillement dissipant la lassitude.
Tous
les couples désireux de fidélité aux intentions du Créateur doivent
méditer périodiquement ces passages de la Genèse. Ils y trouvent lumière
pour décrypter et améliorer leur expérience de l'amour et du mariage.
Jésus innove en rappelant ces intentions premières du Seigneur-Créateur
La
répudiation étant devenue une pratique bien établie, certains veulent
piéger Jésus.
À leurs yeux, s'il l'approuve, il enracine la solution de
facilité créée au bénéfice des hommes, et s'il la désapprouve, il tombe
dans un rigorisme impraticable en condamnant beaucoup de ses
contemporains.
Jésus
leur fait d'abord répéter la prescription de Moïse (Dt 4, 1). Mais il
la commente aussitôt en disant : Moïse a dû s'adapter (malgré lui ?) à
votre dureté de cœur envers vos épouses.
Il vous a fait une concession,
tout en vous imposant de mettre par écrit votre décision de répudiation.
Par ce commentaire, Jésus fait réfléchir les époux sur le machisme de
leur comportement et la mauvaise qualité de leur amour.
Et,
sur le fond, Jésus rappelle les deux passages de la Genèse que nous
venons de commenter. Il veut, par-là, retrouver les intentions du Dieu
d'Israël Créateur et son commandement, évidemment plus digne
d'obéissance que la prescription de Moïse.
Premièrement,
seuls font penser à Dieu l'homme et la femme ensemble, unis.
La
répudiation détruit la belle icône de Dieu qu'ils doivent rendre
visible.
Elle prouve également l'absence d'amour vrai.
En
second lieu, Jésus cite Gn 2, 24 : l'époux et l'épouse sont appelés à
devenir un seul être, une communion d'amour. Puis Jésus ajoute son
commentaire : « De la sorte, ils ne sont plus deux mais une seule chair.
»
Et enfin, il réitère le commandement sous-jacent aux intentions du
Créateur :
« Ce que Dieu a uni [accouplé, dit le grec] que l'homme ne le
sépare pas. »
Autrement dit : ceux qui se sont unis, librement, selon
les intentions de Dieu, doivent se considérer comme inséparables.
L'engagement honnête, pris en conscience par un homme et une femme, de
vivre en couple, constitue le mariage : aucune autorité humaine ou religieuse ne peut le dissoudre.
Marc
rappelle (comme Mt 19, 10) l'étonnement considérable des disciples
devant un tel retour aux sources divines de l'amour conjugal.
Ceci
prouve que Jésus a « fait très fort » en parlant ainsi.
Il justifiait la
monogamie, qui avait eu tant de peine à entrer dans les mœurs du peuple
de Dieu. Il faisait comprendre que la répudiation était une «
adultération », une annulation de la communion d'amour, une voie ouverte
à l'adultère.
Notre
étonnement n'est pas moindre que celui des disciples. Matthieu rapporte
que Jésus a d'ailleurs ajouté : « Tous ne comprennent pas cela, mais
seulement ceux à qui c'est donné. »
Impossible de faire l'impasse sur
cette prise de position du Christ lorsque nous réfléchissons sur la
grandeur et les faiblesses du couple, sur ce qui constitue le mariage
chrétien.
Cependant, Jésus n'a pas exprimé la totalité de sa pensée en
répondant à cette question sur la répudiation. Il a réagi de façon
complémentaire devant la femme prise en flagrant délit d'adultère.
Il a
non moins affirmé qu'il était venu dans ce monde « non pas pour
condamner mais pour sauver » et qu'il fréquentait les pécheurs parce
qu'ils avaient plus besoin de lui que ceux qui n'ont pas besoin de
conversion.
En Jésus, Dieu s'est rendu frère de l'homme et de la femme
Terminons
par cette belle proclamation de la lettre aux Hébreux.
« Jésus, qui
sanctifie, et les humains qui sont sanctifiés, sont de la même race ;
et, pour cette raison, il n'a pas honte de les appeler ses frères. »
Novateur,
sinon révolutionnaire pour son époque, Jésus a vécu de manière
chaleureusement fraternelle toutes les relations avec ses disciples et
avec les femmes qui l'accompagnaient de la Galilée jusqu'en Judée.
Jean
nous dit que Jésus aimait Marthe et Marie, les sœurs de Lazare : qu'il
n'a pas condamné la femme prise en flagrant délit d'adultère : que
plusieurs femmes furent au pied de la croix pendant son agonie, avec sa
mère : qu'il chargea Marie de Magdala d'annoncer aux hommes-disciples sa
Résurrection.
Nous somme tous invités à examiner nos relations, à corriger - en
cas de besoin - les partenariats entre hommes et femmes, à réviser nos
compromissions concernant l'amour conjugal, à redonner leurs lettres de
noblesse au corps, à l'affectivité, à la tendresse comme expressions de
l'amour selon le dessein originel de Dieu.