Le contexte religieux
La franc-maçonnerie et l'art de la déformation de la vérité
L’exemple des protestants montre qu’il faut prendre les données religieuses produites par les quatre recensements de 1851 à 1872 en France avec beaucoup de précautions.
Curieusement, en 1851, la répartition départementale des cultes n’est pas publiée, en raison de « considérations d’une nature particulière » non explicitées.
La question sur la religion est ensuite retirée du recensement de 1856 pour réapparaître en 1861 : les rédacteurs se réjouissent alors de la disparition des difficultés « assez graves » rencontrées en 1851.
La stabilité du dénombrement de la population réformée telle qu’elle est publiée, les écarts entre le recensement de la population protestante urbaine en 1851 et les chiffres des sources locales, sa très forte croissance sur la période suivante et le fait que la population des réformés annoncée pour ce recensement corresponde exactement au plancher justifiant le nombre de pasteurs rémunérés par l’État en vertu du Concordat font naître une hypothèse : celle d’une importante sous-déclaration des protestants.
L’État aurait alors réévalué le nombre obtenu en 1851 de façon à éviter les problèmes politico-religieux qui risquaient de se poser.
On assisterait ensuite à un recul de la sous-déclaration à partir de 1861, décalé de quelques années pour Paris.
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Notre-Dame de La Salette est le nom sous lequel est appelée la Vierge Marie à l'occasion de son apparition dans la commune La Salette-Fallavaux , près de Corps dans le département de l'Isère .
La Vierge y est apparue, sous les traits d'une femme en pleurs, le 19 septembre 1846 à deux enfants, Maximin Giraud et Mélanie Calvat
- Maximin Giraud, né à Corps le 26 août 1935 et mort également à Corps le 1er mars 1875
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- Mélanie Calvat née le 7 novembre 1831 à Corps, Isère - morte dans la nuit du 14 au 15 décembre 1904 à Altamura , Italie Mélanie a causé des difficultés à sa hiérarchie, en continuant à répéter les paroles de la Vierge Marie et à dénoncer la franc-maçonnerie .
Mélanie Calvat et Maximin Giraud, virent apparaître dans une lumière resplendissante une « belle dame » en pleurs, vêtue comme les femmes de la région.
Parlant alternativement français et patois, elle les chargea d'un message qu'ils devaient « faire connaître à tout son peuple ».
Après s’être plainte du comportement et de l'impiété des chrétiens, elle prédit des châtiments épouvantables si les hommes persévéraient dans le mal, et promit la clémence divine s'ils s'amendaient.
« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis le maintenir. »
Les enfants rapportèrent que la « Belle Dame » était triste et pleurait, ce qui soulève d’ailleurs des problèmes théologiques puisque, dans un article du journal La Croix du 14 août 1946, le R.P. Gabel s.j. souligne :
"Les enfants ont vu que la Sainte Vierge avait beaucoup de chagrin ; elle a pleuré ; elle a versé d’abondantes larmes. "
Avant de disparaître, elle communiqua à chacun des enfants un secret spécial.
La difficile reconnaissance ecclésiale
L’émotion provoquée par le récit de Mélanie et de Maximin fut vive et, après plusieurs enquêtes et rapports, Mgr Philibert de Bruillard , évêque de Grenoble, nomma une commission pour examiner l’événement de manière prudente ; celle-ci conclut qu’il fallait admettre la réalité de l'apparition.
Il s'en fut plusieurs guérisons miraculeuses survinrent sur la montagne de la Salette et les pèlerinages y commencèrent.
Le miracle suscita bien sûr l’ironie des libres penseurs, mais jeta aussi le trouble chez les fidèles et surtout chez les ecclésiastiques.
Contre l’apparition une opposition violente se fit dans les diocèses de Grenoble et Lyon, aggravée par le fait que le curé d’Ars, considéré de son vivant comme un saint, se rangeait parmi les sceptiques.
L’Encyclopedia Catholica parle sans donner plus de détails de « l'incident d'Ars » et précise que « durant la matinée du 25 septembre 1850, le curé d'Ars rencontre deux fois Maximin, dans la sacristie puis au confessionnal, mais sans confession.
Qu'a pu raconter l'adolescent exaspéré ?
Le résultat est que durant des années le saint curé ne cessera de douter et de souffrir»
Finalement Mgr de Bruillard déclara le 16 novembre 1851 que l'apparition de la Vierge était certaine et autorisa le culte de Notre-Dame de La Salette.
- Philibert de Bruillard, né le 11 sept 1765 à Dijon et mort le 15 décembre 1860, fut évêque de Grenoble, chanoine impérial de premier ordre du chapitre impérial de Saint Denis, chanoine honoraire de la cathédrale Notre Dame de Paris , officier de la légion d'honneur. Il reconnu l'authenticité de l'apparition de la Salette par son mandement du 19 septembre 1851. Son cœur se trouve dans le chœur de la basilique de la Salette.
Cet acte affaiblit l'opposition sans la faire disparaître et ses chefs, profitant en 1852 de l’arrivée d'un nouvel évêque, Mgr Ginoulhiac, remplaçant Mgr Bruillard qui avait démissionné, attaquèrent violemment la réalité du miracle de la Salette.
Deux ecclésiastiques, l’abbé Deléon et le curé Cartellier, affirmaient même que la « belle dame » était en réalité une vieille fille appelée mademoiselle de La Merlière, ancienne religieuse, ce qui donna lieu à un curieux procès pour diffamation que la plaignante perdit deux fois, en première instance le 2 mai 1855 et en appel le 6 mai 1857 l'imprimeur M.Etienne Redon de Grenoble était aussi poursuivi., malgré une plaidoirie éloquente de Jules Favre .
Le curé de St Joseph de Grenoble, l'abbé Cartellier et l'abbé Deléon continuèrent par la suite à publier des brochures contre l'apparition.
Le cardinal-archevêque de Lyon, de Bonald, leur était favorable.
La Papauté ne s'engagea pas
En dépit de ces actes hostiles, la première pierre d'une grande église fut solennellement posée sur la montagne de la Salette, le 25 mai 1852, devant une grande assemblée de fidèles.
Cette église, plus tard promue au rang de basilique, fut desservie par des religieux appelés missionnaires de la Salette, qui furent remplacés en 1891 par des prêtres diocésains après leur expulsion par des lois d’exil.
Nous donnant la position de l’Église dans les années 1910, l’Encyclopedia Catholica écrit :
"Comme il est dit plus haut, la Vierge Bénie confia à chacun des deux enfants un secret spécial. Ces deux secrets, que ni Mélanie ni Maximin ne se révélèrent jamais l'un à l'autre, furent envoyés par eux en 1851 à Pie IX sur le conseil de Mgr de Bruillard.
On ne sait quelle impression ces révélations mystérieuses firent sur le pape, car il existe là-dessus deux versions diamétralement opposées. Le secret de Maximin reste inconnu, car il n'a jamais été publié.
Celui de Mélanie a été inséré dans son entier dans la brochure qu'elle-même fit imprimer en 1879 à Lecce , en Italie, avec l'approbation de l’ordinaire du lieu.
Une vive controverse s’en est suivie pour savoir si le secret publié en 1879 était identique avec celui qui avait été communiqué à Pie IX en 1851 ou si, dans sa deuxième forme, il n'était pas tout simplement le travail de son imagination.
La dernière opinion est celle de personnes qui sont convaincues qu'une distinction doit se faire entre deux Mélanie, la voyante innocente et simple de 1846 et la visionnaire de 1879, dont l'esprit avait été dérangé par la lecture de livres apocalyptiques et de la vie d'illuminati. Comme Rome ne s’est pas prononcée, le conflit s’est prolongé entre les deux camps.
La plupart des défenseurs du texte de 1879 ont subi la censure de leurs évêques. Maximin Giraud, après une vie malheureuse et errante, revint à Corps, son village natal où il mourut en odeur de sainteté le 1er mars 1875. Mélanie Calvat termina une vie qui n’avait pas été moins errante à Altamura en Italie le 15 décembre 1904. »